À titre de répondant TIC de mon établissement,
j'ai l'occasion d'observer des pratiques efficaces et d'autres qui s'avèrent
parfois problématiques pour l'intégration réussie des TIC dans les pratiques
pédagogiques. Je partage ici quelques idées dans le but de contribuer aux
changements en cours à l'intérieur comme à l'extérieur de mon institution. Ces 6
conditions sont un peu comme 6 maillons d'une chaîne visant à s'assurer que
l'énergie investie par les différents acteurs d'un établissement d'enseignement
produit les meilleurs résultats possibles (réussite, motivation, qualité de la
formation, etc.) et que les étudiants en bénéficient réellement.
Le
processus d'intégration n'est pas une succession linéaire d'étapes. Il s'agit
plutôt d'un ensemble d'activités qui se déroulent parfois de manière ordonnée et
parfois de façon, disons, un peu plus chaotique. Dès qu'un professeur tente
d'intégrer les TIC dans sa pratique pédagogique, le processus est en branle.
Toutefois, pour que cette démarche individuelle aboutisse et soit couronnée de
succès, il est essentiel de franchir chacune des étapes et de remplir les
conditions minimales de réussite pour chaque maillon de la chaine.
1.
Veille, curation et planification
stratégique
Les
activités de
veilles consistent à collecter les informations
pertinentes sur un champ d'activité ou un sujet donné. On peut faire de la
veille sur les stratégies d'enseignements, sur les logiciels, sur une discipline
en particulier, sur les TIC en général. Veiller, c'est donc collecter de
l'information et, souvent, trouver toutes sortes de sources d'inspiration.
La
curation consiste plutôt à traiter l'information,
à l'analyser, à réfléchir, à se donner une direction, à s'orienter... C'est une
étape essentielle pour passer de la veille à la planification.
Enfin,
la
planification consiste à élaborer une stratégie en se
fixant des objectifs (en lien avec la réussite des étudiants, souhaitons-le), en
choisissant des moyens de réalisation et en se dotant d'indicateurs ou de cibles
à atteindre. L'absence de planification stratégique entrainera des difficultés à
comprendre les embûches qui ne manqueront pas de se présenter ainsi qu'à
reproduire une expérience qui aurait bien fonctionné, car on ne connaîtra pas
bien l'origine de cette réussite.
La
planification peut se faire à différents niveaux: individuel,
équipe de travail, institutionnel, etc. Il s'avère souvent difficile de faire
bénéficier un niveau supérieur des retombées d'une activité n'ayant pas fait
l'objet d'une planification à ce niveau. Des initiatives valables, qui reposent
sur les acteurs personnels qui les ont initiées, disparaissent la plupart du
temps lorsque ceux-ci les laissent tomber.
2. Accès aux
outils, matériel, logiciel ou service en ligne
Une
fois qu'une activité est initiée ou planifiée, l'accès à certaines ressources
est bien sûr une condition de réalisation de cette activité. Un professeur qui
n'a pas d'ordinateur, ou qui n'a pas accès à un logiciel en particulier, ou à
une connexion sans fil dans sa classe ne pourra pas tenir une activité donnée.
Des équipements inadéquats, des logiciels obsolètes, le manque de prises de
courant dans les classes, l'éclairage ou le mauvais positionnement d'un écran
projecteur ou d'un tableau interactif seront autant de freins à l'intégration
dans les pratiques pédagogiques. Il est peu utile de faire de l'accompagnement
pédagogique ou de la formation des utilisateurs, si l'accès aux outils n'est pas
assuré dès le départ.
3. Assistance technique
adéquate
L'installation
et le déploiement de certains logiciels ou équipements requièrent bien entendu
l'intervention du service informatique. Par la suite, l'assistance rapide est
essentielle à l'implantation de nouvelles pratiques. En cas de pépin technique
rendant l'outil non fonctionnel ou trop complexe à utiliser (problème de
configuration par exemple), il est fort probable que le professeur abandonne son
projet et retourne à ses bonnes vieilles pratiques. Pour mobiliser le service
d'assistance technique, il est judicieux de l'impliquer le plus tôt possible
dans la planification et dans les décisions. D'autres intervenants peuvent aussi
être mis à contribution : Médiathèque, audiovisuel, Communications. Mais
attention que cela ne devienne pas une tour de Babel pour l'utilisateur.
4. Formation initiale
à l'utilisation
Les
besoins de formation sont très variables d'une personne à l'autre. Il importe de
s'assurer que la préparation des professeurs
est adéquate et qu'ils détiennent les connaissances de base pour se débrouiller
avec les outils. Les ressources pour apprendre à utiliser les logiciels et services en ligne sont nombreuses dans le réseau collégial : APOP, Programme Performa, etc.
5. Accompagnement technopédagogique
Il
ne suffit pas de maîtriser un outil pour l'utiliser à bon escient. Les
changements de pratiques demandent beaucoup d'efforts aux professeurs. Si les
bénéfices sont faibles et que la tâche est augmentée, l'expérience sera
abandonnée. Un accompagnement adéquat permettra d'exploiter le potentiel d'un
outil, et ce, dès les premières utilisations. Les nouvelles pratiques seront dès
lors appréciées à leur plus juste valeur. L'accompagnement pédagogique peut se
réaliser de diverses manières: à travers une communauté de pratique ou par un
suivi individuel. Pour des ressources extérieures à votre institution, voir, entre autres, la Vitrine technologies-éducation, l'APOP, Performa, AQPC, etc.
6. Évaluation des
impacts (pour les étudiants)
Finalement,
un retour sur l'expérience vécue et une évaluation des impacts, à partir des
objectifs, des indicateurs ou des cibles (planification de départ) est
l'occasion d'ajuster le tir, de publiciser les bons coups et tirer les
conclusions sur ce qui a peut-être moins bien fonctionné. En gardant à l'esprit
l'impact pour les étudiants, on s'assure de mettre les efforts
là où ça compte. À cette étape, la participation intéressée d'un palier
supérieur est importante, afin d'assurer la pérennité des initiatives valables,
ou d'interrompre une activité cadrant moins avec les grandes orientations.
L'évaluation conduit tout naturellement à la veille, à la curation et à la
planification, ce qui amorce un nouveau cycle.
Très belle synthèse qui correspond assez bien avec mon expérience personnelle.
RépondreSupprimerLa première étape est effectivement cruciale, puisqu'il me semble irréaliste de développement le contenu en même temps que le contenant quand celui-ci est technologiquement nouveau. Comme enseignant, il faut au moins maîtriser l'un des deux.
J'aurais aimé approfondir la dernière étape. Quels sont les impacts que l'on pourrait mesurer? Quels sont les motifs qui encouragent l'utilisation des TIC au départ ?
Bonjour François,
SupprimerJe viens d'apporter quelques éléments de réponses dans le billet qui est présentement en une:
http://abithq.blogspot.ca/2013/05/tic-et-reussite-les-objectifs.html
Au plaisir!
Une contribution intéressante Jules, merci. Je compte la faire connaître auprès des membres de l'équipe "TIC et réussite 2013-2014".
RépondreSupprimerMerci Christian. Pour l'instant, cette approche me permet de sensibiliser les acteurs avec lesquels je travaille et de développer une vision commune. Le but est d'amorcer une démarche institutionnelle qui soutienne l'évolution des pratiques pédagogiques tout en minimisant les pertes d'énergie et le découragement. Je souhaiterais bonifier et préciser, mais je pense qu'il faut que ça demeure simple. Ça fait partie du défi de communication. Au plaisir !
SupprimerMerci Jules ! Ton document de réflexion sera soumis à l'équipe TIC et réussite du Réseau REPTIC à sa rencontre en visioconférence du 5 novembre prochain. Nicole Perreault
SupprimerBonne rencontre ! Salutations aux membres de l'équipe !
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