mardi 25 novembre 2014

Prévenir le plagiat et la tricherie (mon remue-méninges personnel)

Lorsqu'on veut prévenir le plagiat et la tricherie, on pense souvent à l'encadrement. Pourtant, à cette étape, c'est déjà trop tard. Pour réellement prévenir le plagiat, il faut comprendre la motivation de l'apprenant, ainsi que le niveau de difficulté perçue et le sentiment de compétence requis pour accomplir la tâche (de l'évaluation). Avant d'aborder les mesures d'encadrement, je propose qu'on s'arrête sur des stratégies qui favorisent la motivation, ainsi qu'une perception claire de la tâche comme «concrète et réalisable».

1) Motivation intrinsèque et autonomie (apprentissage)

Si l'étudiant ne voit pas de sens (ex. : utilité ou plaisir), il sera peu enclin à s'investir et cherchera des échappatoires pour se conformer au résultat attendu, avec le moindre effort. Sa motivation se limite en effet à la contrainte extérieure qu'il perçoit.
Pistes
Impliquer l'étudiant dans l'élaboration de la tâche
Exemples : Permettre à l'étudiant d'amorcer le travail à partir d'une situation, d'une préférence personnelle (sur un thème proposé relié à la compétence)
Demander à l'étudiant d'élaborer un questionnaire (individuellement ou en équipe) permettant d'appliquer le contenu du cours et de faire passer ce questionnaire à ses pairs.
Apprentissage par les pairs
Exemple de scénario : le contenu du cours est divisé entre équipes. Chaque équipe s'approprie du contenu et le partage ensuite avec le groupe. Le professeur accompagne chaque équipe et valide l'appropriation, la compréhension de ce qui sera par la suite partagé avec le groupe. Un texte est produit et pourra servir aux fins d'évaluation. Au besoin, les textes peuvent être individuels.
  • Le scénario prévoit la production d'exemples d'applications ou d'explications personnelles qui démontrent la compréhension
  • Le scénario exige la participation d'une autre équipe dans le déroulement de la présentation. Cette participation peut se faire sous la forme d'une question préparée d'avance, mais elle doit avoir l'air spontanée! → succès garanti

Manifester de l'ouverture et de l'intérêt pour l'apprenant, tel qu'il est...
Demander à l'étudiant d'exprimer son intérêt (ou absence d'intérêt) pour la tâche (ex: dans l'introduction de son travail, ou lors d'une présentation en classe)
Amorcer une activité par une étape permettant à chacun de participer et de contribuer sans avoir à démontrer quoi que ce soit.

2) Tâche et effort cognitif (apprentissage et évaluation)

Si l'étudiant ne se sent pas compétent pour réaliser la tâche, il cherchera des solutions pour masquer (ce qu'il perçoit comme) son manque de compétence.
Pistes
  • Explications de la tâche et du résultat attendu : compréhensibles pour l'étudiant qui ne détient pas encore la compétence, permettant de se représenter le travail à faire.
  • Découpage de la tâche en étapes avec échéances et suivis (un peu comme une recette!)
  • Exercices formatifs réintégrés dans les évaluations sommatives
  • Critères d'évaluations reliés aux étapes et mettant l'accent sur une condition de réussite précise
  • Modalités d'évaluations variées, au choix de l'étudiant (exemple : texte, affiche, présentation vidéo, présentation en classe)
  • Flexibilité (horaire/lieu), accompagnement (en ligne, en personne)
  • Retrait des barrières non directement reliées à la compétence : fournir une bibliographie, un gabarit avec la bonne mise en page, une feuille de calcul avec des formules déjà intégrées, etc.

3) Et bien sûr, l'encadrement! (gestion, organisation de classe)

Si l'étudiant ne se sent pas encadré (et s'il n'est pas motivé ou ne se sent pas compétent), il sera porté vers des solutions faciles, perçues comme sans conséquence.
Pistes
  • Suivi du cheminement individuel et personnalisé (basé sur des indicateurs pertinents)
  • Description de tâche et critères d'évaluations compréhensibles et susceptibles d'orienter l'étudiant dans le développement d'une compétence qu'il n'a pas déjà.
  • Accompagnement en cours de réalisation
  • Rétroactions positives fréquentes, et donner l'heure juste…
  • Offrir à l'étudiant des pistes pour amélioration : cibler un objectif prioritaire à la fois.
  • Contrôler l'authenticité du travail fourni (exemples : présentation orale en classe, soutenance manuscrite, logiciel de comparaison)
  • Encourager l'utilisation de sources extérieures (personnes, documents, internet) avec mentions précises. Répertorier et offrir des ressources, par exemple dans une bibliographie, de manière à guider l'étudiant vers les liens utiles et lui faciliter la tâche de citer convenablement ses sources
  • Énoncer des consignes claires et structurantes, mais débouchant sur de nombreuses possibilités pour l'étudiant
  • Intégrer dans les consignes (ou les critères d'évaluation) l'exigence d'une présentation conforme des sources. Attribuer des points ou pénalités en cas de citations ou références imprécises ou non conformes.
  • Exiger que l'étudiant cite au moins une source, de manière à s'assurer qu'il est capable de le faire convenablement (et ainsi pouvoir comparer en cas de sources non mentionnées).

Exemples d'activités pédagogiques

  • Les évaluations formatives réinvesties dans l'évaluation finale
  • Les présentations en classe, individuelles ou en équipe
  • L'échange en dyade avec retour en classe et présentation du pair (chacun présente son vis-à-vis)
  • L'échange en triade, questionnaire conçu en équipe, entrevue individuelle et présentation d'un pair (autre que celui qui nous présente)
  • Les tours de classe sur un sujet ou sur l'avancement d'un travail (formatif ou sommatif)
  • Les feuilles de notes trouées, en lien avec présentation magistrale, ou vidéo.
  • Les petits devoirs remis rapidement et corrigés avant le cours suivant (résultats transmis en ligne)
  • Les situations de groupes en équipes (chaque équipe propose un scénario à une autre équipe qui doit le résoudre en appliquant la théorie)
  • Le document de travail personnel de session, partagé en ligne avec le professeur.
  • L'approche par Portfolio